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Galates 5v13 : La grâce de Dieu, une réalité méconnue… ?

La grâce de Dieu, une réalité méconnue

Jusqu’en 1981 on savait ce que signifiait la grâce présidentielle : malgré ses graves fautes, le condamné à mort ne l’était plus, suite à la décision du président de la République. Sur quelle base ? En général en raison du bon comportement du condamné et du bon vouloir du président. Et c’est là que la conception chrétienne de la grâce de Dieu est faussée, parce qu’elle est associée dans l’esprit de beaucoup au bon comportement. Cela a été un grave problème dans l’Eglise primitive (appelé le légalisme) ; les conséquences ont été dramatiques. La grâce de Dieu est essentielle dans toute la Bible ; elle est essentielle pour tout être humain

Qu’est-ce que la grâce de Dieu ?

On ne peut parler de salut, ni de vie avec Dieu par le moyen des œuvres, ni de salut par le moyen de Christ et… par les œuvres, et donner alors une vraie définition de la grâce divine.

« On est déclaré juste devant Dieu, non parce que l’on accomplit les œuvres que commande la Loi, mais uniquement par la foi en Jésus-Christ. C’est pourquoi nous avons placé notre confiance en Jésus-Christ pour être déclarés justes par la foi » (Galates 2v16).

La base de la grâce de Dieu est son amour immérité et inconditionnel.  Que penser d’un parent qui dirait à son enfant : « Tu es gentil… je t’aime » ou : « Si tu n’es pas obéissant, je ne t’aimerai plus… » ? (Mais pourtant, parce que peut-être nos parents nous l’ont dit, nous avons une approche faussée de la grâce divine.)

Dieu affirme (et cela envers un peuple qui lui est infidèle) : « Je t’aime d’un amour éternel, c’est pourquoi je te conserve ma miséricorde » (Jérémie 31v 2-3). Il n’y a qu’une seule condition pour être sauvé : être déclaré juste par Dieu par la foi en Jésus-Christ. Et donc on fait partie alors de la grande famille de Dieu, l’Eglise universelle ; et l’Eglise locale en est un reflet (il est donc normal d’en être membre, de rendre concret ce fait).

Au début du XVIII ° siècle, aux Etats-Unis, Georges Wilson avait commis un meurtre. Il avait été condamné à mort. Le président Jackson l’avait gracié. Mais notre condamné a refusé ! La cour suprême alors a déclaré : « La lettre du Président ne possède un pouvoir d’acquittement que sous réserve d’acceptation par la personne condamnée ». Et il est mort.

Cela illustre bien la conséquence de la grâce : la liberté, ainsi que l’importance de la décision humaine. « Le Christ nous a rendus libres pour que nous connaissions la vraie liberté » (Galates 5v1). « Oui, mes frères, vous avez été appelés à la liberté ; c’est pourquoi, tenez bon et ne vous laissez pas réduire à nouveau à l’esclavage ! » (v13).

Cette liberté est celle de ne pas avoir à faire quoique ce soit pour être accepté par Dieu (sinon c’est l’incertitude constante et l’angoisse), ainsi que de pouvoir faire la volonté de Dieu. Luther disait : « Personne ne peut être bon à moins que la grâce de Dieu ne le rende premièrement bon ; et personne ne devient bon par les œuvres, mais les bonnes œuvres sont faites seulement par celui qui est bon ».

On n’est donc pas justifié aux yeux de Dieu parce qu’on est juste dans sa conduite, mais parce qu’on a accepté la grâce de Dieu. Pour vivre cette grâce, il faut accepter d’être accepté par Dieu, tel qu’on est. Alors, « déclarés justes par sa grâce, nous devenons les héritiers de la vie éternelle » (Tite 3v7). Nous sommes sauvés par grâce, un point c’est tout.

Dieu fait grâce aux pécheurs : mais quel risque !

Le message de la grâce est dangereux. Pourquoi ? Parce qu’on peut facilement mal le comprendre. Comment cela ? En abusant de la grâce, en avançant l’idée que, puisqu’on est pardonné par Dieu et qu’on le sera encore et toujours, on peut pécher, mener une vie caractérisée par la médiocrité. Et à cause de ces risques alors, on insiste sur les œuvres plus que sur la grâce ; à cause des abus, on parle moins de la liberté en Christ que du comportement à avoir.

En affirmant que l’on est sauvé même si l’on fait des œuvres de péché après s’être tourné vers Dieu par la foi, c’est, semble-t-il, conforter les personnes dans leur insouciance. Paul déjà citait ce même argument de chrétiens laxistes : « Alors nous pouvons demeurer dans le péché afin que la grâce abonde [= qu’elle soit encore plus manifeste puisque Dieu aura plus d’occasions à pardonner] ; nous pouvons encore pécher puisque nous sommes non sous la loi mais sous la grâce ! » (Romains 6v1, 15). Voilà un sacré risque…

Et pourtant…, il n’y a pas d’autre solution que d’annoncer la grâce seule (Sola Gratia) comme source du salut (et du reste comme source de la vie), sans tenir compte de l’attitude de l’être humain.

Pourquoi n’y a-t-il pas d’autre solution que la grâce divine ?

– Parce que c’est le seul message de toute la Bible dès la Genèse :

«Ce n’est point parce que vous surpassez en nombre tous les peuples, que l’Eternel s’est attaché à vous et qu’il vous a choisis, car vous êtes le moindre de tous les peuples. Mais, parce que l’Eternel vous aime, parce qu’il a voulu tenir le serment qu’il avait fait à vos pères, l’Eternel vous a fait sortir par sa main puissante, vous a délivrés de la maison de servitude, de la main de Pharaon, roi d’Egypte» Deutéronome 7v7-8

– Parce que c’est le seul moyen de découvrir la vraie liberté à laquelle tous aspirent : elle ne réside que dans l’union avec Christ. Pour connaître une vie de sanctification et de pureté, il faut arrêter d’en parler en insistant sur les efforts humains (« il faut que j’y arrive ! ») mais de se centrer sur la dépendance avec le Seigneur.

L’image du cep (qui est Jésus) et des sarments (c’est-à-dire les enfants de Dieu), dans Jean 15, est des plus significatives. Le sarment n’est rien : il ne peut porter de bons fruits par lui-même ; « sans moi, vous ne pouvez rien faire », et avec lui (Jean 8), « vous serez réellement libres ». Ce n’est que dans la mesure où je dépends de Christ, où il vit en moi, où ce n’est plus moi qui vis et qui agis (Galates 2v20), que j’ai une vie transformée. Je ne connais la liberté de pouvoir dire « non » au péché que lorsque je suis en communion avec le Seigneur. Je ne permettrai aux autres de découvrir la vraie liberté qu’en les incitant à vivre jour après jour dépendants de lui. A l’opposé, je les enfermerai dans une forme d’esclavage si je les pousse à être meilleurs. Là, je retombe dans le légalisme ; et comme les pharisiens, je mets sur leur dos un fardeau trop lourd à porter.

– Parce que c’est l’attitude de Dieu : dans Luc 15, Jésus parle d’un père (= Dieu) et de 2 fils (= chacun de nous). Ce père laisse partir le plus jeune ; et pourtant, il connaissait les dangers d’une telle liberté ; et de plus, ce fils est tombé dans de nombreux risques de cette liberté. Jésus aurait pu dire dans cette parabole du fils prodigue que le père aurait pu faire pression de différentes manières pour empêcher son fils de partir et connaître alors ces nombreux déboires. Mais il n’a rien dit de cela, parce que ce n’est pas le plan de Dieu le Père.

Un synonyme de la grâce de Dieu : le pardon malgré tout !

Il y a un autre aspect de cette grâce de Dieu : c’est le pardon, malgré tout. Et c’est alors que ce fils cadet a compris la grâce, ce que son frère aîné – bien tranquille, bien sage, bien sous tous rapports, rivé sur ce qu’il croyait devoir faire – n’avait jamais expérimenté : l’amour du Père est immérité, inconditionnel et il ne s’appuie jamais sur les œuvres de ses enfants mais sur ce qu’il est : « Dieu est amour ».

Et le fils prodigue l’a enfin compris et accepté parce qu’il ne pouvait plus revendiquer quoi que ce soit de cet amour à cause de toutes ses faillites. Il a été obligé, pour être sauvé de sa situation lamentable, de considérer la grâce, l’amour immérité de son Père ; et alors il est devenu une nouvelle créature ! Il est revenu à la vie et il est ressuscité ! Enfin libre ! C’est la paix qui découle du fait de vivre de la grâce de Dieu.

Et le frère aîné s’entend dire que son père est heureux de voir son fils venir à lui, lui qui vient sans œuvres valables mais dans une repentance profonde, avec le simple désir de vivre de l’amour gratuit de son père…

C’est l’amertume, la colère et l’écœurement qui caractérisent, comme ce fils aîné, le chrétien légaliste, qui vit pour mériter devant Dieu et qui pousse les autres à agir de la même manière. Je pense de plus en plus que si l’on se sent amer, aigri, lassé également, c’est lié à une mauvaise compréhension de la grâce divine, ou à l’oubli de ce qu’elle signifie et de ce qu’elle implique.

« Son père sortit et le pria d’entrer » : ce fils aîné était en définitive en dehors de la communion avec son père, parce qu’en dehors de la grâce ; Paul écrit : « Vous êtes séparés de Christ, vous tous qui cherchez la justification dans la loi ; vous êtes déchus de la grâce !» (Galates 5v4).

Le but de Dieu ? « Vous avez été appelés à la liberté dans l’union avec le Christ ! » (v13), seulement…

« Seulement, ne faites pas de cette liberté un prétexte pour vous laisser aller aux tendances de votre nature pécheresse » (Galates 5v13) = Ne retombez pas sous l’esclavage de… vous-mêmes ; ne vous trompez pas sur cette liberté de faire n’importe quoi, en tout cas pas de retomber dans ce qui vous rendait esclave.

« En effet, la grâce de Dieu s’est révélée comme une source de salut pour tous les hommes. Elle nous éduque et nous amène à nous détourner de tout mépris de Dieu et à rejeter les passions des gens de ce monde. Ainsi nous pourrons mener une vie équilibrée, juste et pleine de respect pour Dieu, en attendant que se réalise notre bienheureuse espérance : la révélation de la gloire de Jésus-Christ, notre grand Dieu et Sauveur. Il s’est livré lui-même en rançon pour nous afin de nous délivrer de l’injustice sous toutes ses formes et de faire de nous, en nous purifiant ainsi, un peuple qui lui appartienne et qui mette toute son ardeur à accomplir des œuvres bonnes » (Tite 2v11-14)

La grâce de Dieu est liée à l’œuvre de la croix ; autant le salut que la sanctification (le désir de vivre selon Dieu) dépendent de la grâce divine ; il a tout fait pour cela ! A nous de l’accepter, de la faire nôtre, de mettre en avant sa force (et non nos capacités).

Et de vivre avec sagesse et discernement : parce qu’il y a plusieurs réalités vraies dans la vie ; mais certaines conduisent à l’échec, tandis que la vérité (qui affranchit ; Jean 8v32 : « Vous connaîtrez la vérité, dit Jésus, et la vérité fera de vous des hommes libres ») ne vient que de Dieu.

Oui, tu peux tout faire, tu es pleinement libre, tout est permis (à chacun sa vérité, selon ses passions, ses désirs) ; mais Paul ajoute : « Tout n’est pas utile et je ne veux pas me placer sous un joug quelconque ; notre corps n’a pas été fait pour l’inconduite, il est pour le Seigneur. Votre corps est le temple du St Esprit. Honorez donc Dieu dans votre corps » (1 Corinthiens 6v12, 13, 19).

Oui, tu peux tout faire, « mais tout n’aide pas à grandir dans la foi ; que chacun de vous, au lieu de songer seulement à lui-même, recherche plutôt les intérêts des autres » (1 Corinthiens 10v23-24) : le risque de la liberté est de ne pas tenir compte des autres. Oui, je peux regarder n’importe quoi, faire n’importe quoi, employer le langage que je veux, m’engager dans des projets personnels… mais je dois tenir compte de tous ces arguments cités : l’amour pour Dieu et l’amour pour les autres.

Quelle est la différence alors entre une vie centrée sur la grâce de Dieu et une vie légaliste ?

« Pour ceux qui sont unis à Jésus-Christ, ce qui importe, ce n’est pas d’être circoncis ou incirconcis, c’est d’avoir la foi, une foi qui se traduit par des actes inspirés par l’amour » (Galates 5v6).

Le légaliste est celui qui agit pour faire valoir ses actes devant Dieu ou pour se valoriser devant les hommes.  « Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous payez la dîme de la mente, de l’aneth et du cumin, et que vous laissez ce qui est le plus important dans la loi : la justice, la miséricorde et la fidélité » (Matthieu 23v 23-24).

Celui qui est uni au Seigneur agit par amour pour lui. Augustin avait compris cette dimension de la liberté et de l’amour : « Aime Dieu et fais ce que tu voudras ». C’est à une vie de liberté, d’aventure en comptant sur lui jour après jour, de réflexion et de responsabilisation, d’épanouissement profond que le Seigneur nous a appelés.

En 1865, l’esclavage est officiellement aboli aux U.S.A. : enfin ! Après tant de luttes. Pourtant, paraît-il, il y eut un fait des plus étonnants : la grande majorité des esclaves du Sud continuèrent à vivre comme avant en tant qu’esclaves. Comme le chrétien ? Jésus-Christ nous a libérés si nous nous sommes donnés à lui, dans la confiance, et il veut développer cette liberté en tout si nous continuons à vivre de son amour immérité, de son pardon, si nous dépendons jour après jour de lui seul.

Jean-Ruben

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3 commentaires sur “Galates 5v13 : La grâce de Dieu, une réalité méconnue… ?”

  1. Droh Alain dit :

    Merci vraiment pour ce grand enseignement…Merci de nous ouvrir les yeux sur la grâce

  2. Alexis BAVOUA dit :

    Bonjour et tres bon dimanche. J’ai particulierement aimé ce site et vous en felicite.

  3. Boris Talom dit :

    Merci pour vos éclairages

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