Jonas vient de voir la ville (ennemie) de Ninive se tourner vers Dieu en se repentant, et, chose inacceptable pour lui, Dieu a accepté de leur pardonner (Jonas 4v1-2). Ça commence à chauffer, à bouillir intérieurement ! La colère l’envahit; refus de pardonner – catégorique ! Et plus ça chauffe intérieurement, plus sa relation avec Dieu se refroidit. Difficile de supporter quand Dieu n’est pas de notre avis…
Notre état intérieur est donc lié à notre soumission devant Dieu.
En fait, Jonas a accepté la grâce de Dieu pour lui-même, il a trouvé normal, lorsqu’il a crié à Dieu pour qu’il intervienne pour lui, que Dieu l’ait fait (Jonas 2v3) ; mais vis-à-vis de certains, là c’est impossible de l’accepter ! Surtout quand il s’agit des ennemis qui eux ne le méritent pas.
Jésus, dans la parabole des ouvriers loués à différentes heures reprend ce problème de la comparaison. Quand les ouvriers touchent leur paye à la fin de la journée, la température intérieure monte en flèche : « Ceux-là sont arrivés en dernier, ils n’ont travaillé qu’une heure, et tu leur as donné autant qu’à nous qui avons travaillé dur toute la journée sous la forte chaleur ! » (Mt 20v12). Tout d’un coup la forte chaleur extérieure vécue pendant la journée n’est plus supportable ! Et elle fait monter alors la température intérieure.
C’est souvent la comparaison qui nous enflamme intérieurement ; surtout quand elle nous est défavorable… La comparaison avec ce que nous avons été et pu faire dans le passé peut nous rendre irritable aussi ; nous ne supportons pas de vieillir, de ne plus faire ce que nous faisions. Et les difficultés sont alors d’autant plus insupportables. Et les relations avec les autres aussi.
Dieu veut nous transformer en profondeur
Pour Jonas, une autre chaleur va devenir insupportable : celle du soleil. Et Dieu va intervenir pour Jonas, malgré son attitude mauvaise (là encore, Dieu fait grâce à ce récalcitrant chronique) : « L’Eternel Dieu fit pousser un ricin qui donna à Jonas de l’ombre sur la tête, afin de le détourner de sa mauvaise humeur » (4v6). Ça le remplit de joie, mais son bouillonnement intérieur n’est pas guéri pour autant.
On peut connaître des joies superficielles mais Dieu veut nous transformer en profondeur ; et pour cela, Dieu va continuer à agir pour Jonas, mais cela va être plus douloureux pour lui : « Le lendemain, Dieu fit venir un ver qui rongea le ricin, de sorte que le ricin se dessécha. Et lorsque le soleil se mit à briller, Dieu fit venir de l’est un vent brûlant, et le soleil tapa sur la tête de Jonas » (v6-8).
Encore une fois Dieu est injuste, selon Jonas ! Il donne et il reprend, il bénit et il supprime cette même bénédiction ! Ce n’est pas seulement la chaleur physique qui est insupportable, c’est le fait que Dieu souffle le chaud et le froid (ou plutôt le froid et le chaud…). Et cela accentue la colère de Jonas. Il en arrive à ne pas pouvoir pardonner à Dieu ; pardonner à Dieu !? Oui, parce que Jonas estime que Dieu a tort d’agir en pardonnant.
Le Dieu de grâce est prêt à pardonner quiconque se repent
Jonas ne sait pas voir (parce qu’il s’endurcit dans sa conception) la grâce de Dieu, pour lui d’abord, mais surtout – et c’est le but de Dieu à travers ce ricin – pour les autres. Dieu voulait faire réfléchir et fléchir cet orgueilleux qu’était Jonas ; même au travers d’une intervention négative comme la disparition du ricin. Mais dans son égocentrisme, Jonas ne considère que ce qui le touche personnellement, et il ne sait pas voir au-delà de sa petite personne.
Dieu alors est plus direct, face à l’endurcissement de son prophète, en lui disant qu’à la différence d’un arbuste éphémère (auquel Jonas tient plus que tout), il y a la vie de 120.000 hommes qui ignoraient tout du vrai Dieu. Dieu veut lui faire comprendre qu’il est prêt à faire grâce et à pardonner à quiconque se repent devant lui.
Accepter cela, c’est ne pas s’exposer à une chaleur qu’on ne supporte pas ; le refuser, c’est se mettre dans une situation qui devient insupportable. Ce qui a été le cas pour Jonas qui préfère mourir.
Le pardon libère ; le refus de pardonner nous maintient dans une fournaise qui nous brûle et nous détruit intérieurement. Accepter de considérer la grâce de Dieu chez les autres permet de les regarder avec espérance.
Amen amen