Il nous arrive peut-être de temps en temps d’avoir une envie très forte d’être… sur une île ; tout seul. Loin des autres. Pourquoi ? Parce qu’ils sont décourageants ! Si bien qu’il peut arriver d’être usé par eux. Il est souvent difficile de vivre la cohabitation, même avec des chrétiens; le découragement nous guette, la lassitude s’installe, attention à l’abattement ! Les exemples dans la Bible prouvent que ce n’était pas encore le ciel (pas plus que maintenant) et que même les plus grands ont été découragés par les autres.
Nous commencerons en parlant des raisons qui mènent au découragement, pour ensuite en voir quelques conséquences ; nous nous arrêterons enfin sur quelques pistes de réflexion pour vaincre le découragement.
Les raisons du découragement :
Souvent nous sommes découragés à cause de problèmes liés à nous-mêmes – problèmes de santé, découragement au travail, etc… – mais aussi à cause de l’attitude des autres ; quelques exemples :
Dans le témoignage chrétien :
il est décevant de constater que si peu de personnes répondent favorablement, suite à notre témoignage. C’est le désintéressement général ; si bien que, peut-être, avant de commencer le Parcours Alpha, nous pensons que c’est voué à l’échec. Ce qui est encore plus décevant, ce sont les promesses gasconnes (quelle triste réputation pour les gascons…) : « Oui, oui, je viendrai bien sûr : c’est très intéressant ! » Et personne.
Le témoignage dans la famille est souvent mal perçu ; il y a, comme réaction, l’incompréhension vis-à-vis de notre nouvelle vie avec le Seigneur. Décourageant…
Le prophète Elie l’a vécu, au sein du peuple de Dieu : « Elie dit à l’Eternel : J’ai déployé mon zèle pour l’Eternel ; car les israélites ont abandonné ton alliance, ils ont renversé tes autels, ont tué par l’épée tes prophètes. Je suis resté moi seul, et ils cherchent à prendre ma vie » (1 Rois 19v10). Ou en clair : ça a servi à quoi que je m’engage pour toi !? Si ce n’est qu’à sombrer dans le découragement. Ils ne changeront jamais…
On perçoit facilement la tristesse dans les paroles de Jésus, en voyant le refus d’Israël d’accepter les appels de Dieu : « Jérusalem, Jérusalem, qui tues les prophètes et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble sa couvée sous ses ailes, et vous ne l’avez pas voulu » (Luc 13v34).
Le comportement de l’autre :
Il peut m’amener à la même impasse : le découragement. On peut voir qu’il ne change pas sa manière d’agir, malgré les avertissements répétés, malgré les colères, que ce soit les enfants ou… les adultes. Et c’est encore plus dur à supporter quand il s’agit de chrétiens.
Que ce soit dans la famille physique ou la famille spirituelle, il est épuisant d’avoir près de soi quelqu’un qui ne cherche pas à changer ses points faibles. Et, semble-t-il, plus on met le doigt sur le domaine en question, plus il s’y complaît, justifie sont attitude et s’endurcit dans sa position. Et plus on est découragé par cet état d’esprit.
L’apôtre Paul avait de quoi être découragé en voyant le désordre moral qui persistait dans l’Eglise de Corinthe : « Je l’avoue, j’ai peur qu’à mon arrivée, je ne vous trouve pas tels que je voudrais. Je crains de découvrir de la discorde, des jalousies, de la colère, des rivalités, des médisances, des commérages, de l’orgueil et des désordres. Oui, j’ai peur qu’à mon arrivée, Dieu me réserve des expériences humiliantes parmi vous, je crains d’avoir à pleurer sur plusieurs qui ont péché auparavant et ne se sont pas détournés de leurs pratiques dégradantes » (2 Corinthiens 12v20-21). Malgré plusieurs visites chez eux, ils n’avaient pas changé et au contraire s’étaient enfoncés dans une attitude de péché.
On peut penser également à la réaction de Jésus qui, face à la faillite des disciples pour guérir ce fils possédé, leur dit : « Vous êtes un peuple incrédule et infidèle à Dieu ! Jusqu’à quand devrai-je encore rester avec vous ? Jusqu’à quand devrai-je vous supporter ? » (Matthieu 17v17). Le reproche ainsi formulé montre qu’ils n’avaient pas beaucoup progressé dans leur foi dans la puissance de Dieu. De quoi être découragé par cette léthargie.
Il est évident donc que le refus de l’Evangile ou le refus de vivre une vie plus pure a des répercussions dramatiques chez les autres ; mais il y a également des répercussions négatives pour soi-même aussi. Et nous allons voir que notre attitude découragée peut être… décourageante pour les autres.
Les conséquences personnelles du découragement :
Quand je suis découragé en voyant le refus dans le témoignage, je pense que ce n’est plus la peine de témoigner ; le silence est synonyme de résignation. Et ce que je manifeste alors, c’est de l’indifférence. Qui se transforme rapidement en manque d’amour. Comme Elie l’a vécu, le découragement cloisonne et coupe des autres : « Elie alla dans le désert où après une journée de marche, il s’assit sous un genêt. Il se coucha et s’endormit » (1 Rois 19).
Israël manifeste des plaintes constantes, et à force, Moïse est découragé. Il le dit à Dieu, mais pour ajouter aussi qu’il ne peut plus supporter ce peuple qui ne change pas et qu’il ne veut plus en être responsable.
Combien de chrétiens refusent d’avoir des responsabilités dans une Eglise parce que d’autres ont une attitude mauvaise. Et les Eglises se remplissent de chrétiens démissionnaires à cause des chrétiens… démissionnaires. Il est difficile de ne pas faire ce que l’on reproche aux autres. On est démissionnaire au lieu d’être missionnaire : face au refus systématique des non-chrétiens, on ne veut plus aller vers eux.
Face au comportement critiquable de certains, le fait de penser : « Il ne changera jamais, vu son refus ! » a pour résultat de l’enfoncer encore un peu plus, de condamner la porte « issue de secours » qu’il pourrait utiliser un jour, et de l’enfermer définitivement dans son comportement. Est-ce que ça peut relever un malade que d’entendre le médecin dire qu’il ne va se relever de sa maladie, surtout s’il manifeste un ton désabusé… ?
Cette approche où l’on pense qu’il n’y aura pas de changement possible peut conduire à perdre la foi dans l’intervention de Dieu ; et c’est le fatalisme qui va orienter la foi, au lieu de la soumission au Seigneur, dans l’attente de son intervention. Parce qu’en définitive, être découragé, c’est porter les regards plus sur soi, sur les capacités personnelles à changer l’autre (« Et ça ne marche pas ! ») plus que sur celles de Dieu.
Notre découragement crée des murs, au lieu de favoriser le dialogue et l’entraide.
Quelques pistes de réflexion pour ne pas se laisser submerger par le découragement :
Sans attendre que l’autre change, il est nécessaire de réfléchir sur notre attitude personnelle. Elie s’enferme dans le découragement et il le répètera plusieurs fois à Dieu ; pourtant, un ange vient le toucher et lui dire : « Lève-toi, mange. Il mangea et but, et se recoucha. L’ange de l’Eternel vint une seconde fois, le toucha et lui dit : Lève-toi, mange car le chemin est trop long pour toi » = ressaisis-toi ! je te donne les forces nécessaires pour accomplir une tâche importante ; continue à assumer les responsabilités que je t’ai confiées ; et ce sera difficile encore…
Nous ne comprenons pas quand Dieu dit cela parce qu’avec nos enfants, les conseils sont plutôt du style : « Tu en as assez… ? Laisse ça alors… ». « Elie se leva et but ; et avec la force que lui donna cette nourriture, il marcha 40 jours jusqu’à la montagne de Horeb » ; = un lieu particulier de rencontre avec Dieu, pour Moïse, pour Elie aussi. Quoi de plus réconfortant que de recevoir les promesses de Dieu et l’assurance que dans notre chemin difficile, notre foi en Christ nous permettra de ne pas nous laisser submerger par le découragement ? Hébreux 12v2-3 : « Gardons les yeux fixés sur Jésus ; pensez à celui qui a enduré de la part des hommes pécheurs une telle opposition contre lui, pour que vous ne vous laissiez pas abattre par le découragement ».
Ne pas essayer de changer l’autre à notre image
. Une autre piste ; quelqu’un faisait remarquer : « N’essaie jamais d’amener quelqu’un à te ressembler ; tu sais bien qu’un seul comme toi,… ça suffit ». Le problème de notre découragement peut venir du fait que les autres ne sont pas encore arrivés là où nous sommes, ni comme nous sommes, ni comme nous estimons qu’ils devraient être. Mais pour Dieu – c’est difficile de se le rappeler – chacun est unique ; et précieux.
Un conseil de John Wesley : « Nous avons à être patients avec ceux qu’il n’est pas en notre pouvoir d’améliorer ; nous nous contenterons de les présenter à Dieu ». Mais souvent, les lacunes (des autres) nous hérissent tellement que nous ne pensons même pas à prier pour eux. Et peut-être nous faut-il admettre que ce n’est pas nous qui pourrons améliorer leur comportement. Alors nous commencerons à prier avec amour pour eux.
En parlant des problèmes de certains chrétiens de l’Eglise de Corinthe qui ont été « une cause de tristesse » (2 Corinthiens 2v5), Paul ajoute : « Vous devriez lui accorder votre pardon et le réconforter, afin qu’il ne soit pas accablé par une tristesse excessive. Je vous engage donc à lui témoigner de l’amour » ; et cela dans le but de « ne pas laisser Satan prendre l’avantage sur nous » (v11). Il termine ainsi cette 2° lettre écrite à ces chrétiens qu’il n’a jamais abandonnés malgré leurs divergences : « Ce que nous demandons à Dieu dans nos prières : votre complet rétablissement » (2 Co 13v9).
Regarder à son propre perfectionnement
. Une autre réflexion pleine de sagesse : « Consacre tant d’heures à ton perfectionnement qu’il ne te reste plus de temps pour critiquer les autres ». Comme certains qui considèrent beaucoup plus les épines que la rose elle-même, il est possible de s’arrêter sur les travers des autres. Et c’est pour nous que Jésus a pris une image qui est dure, non à comprendre mais à accepter pour soi : Matthieu 7v3-5.
Quelqu’un disait : « Le grand défaut des hommes, c’est d’abandonner leur propre champ pour aller ôter l’ivraie de celui des autres ». Dans la parabole du bon grain et de l’ivraie (Matthieu 13v28), les ouvriers demandent au maître : « Veux-tu que nous allions enlever l’ivraie ? » Réponse du maître : « Non, de peur qu’en arrachant l’ivraie, vous ne déraciniez en même le blé » : le désir de purifier les autres n’est pas de notre ressort ; mais il nous faut rappeler que c’est le Seigneur qui nous jugera (Matthieu 13v41-43).
Une personne blessée a besoin d’une main secourable, pas d’un doigt accusateur ; et cela pour ne pas la décourager ni nous conduire nous-mêmes au découragement par voie de conséquence. Pour vivre cela, Dieu veut nous remplir de son amour pour que nous persévérions malgré tout et être les instruments entre ses mains pour le salut d’autres ou leur permettre de connaître un changement dans leur comportement. Voilà le message d’encouragement dans ces circonstances difficiles : aimer en vue du salut.
Jean-Ruben
Très bonne réflexion concis et précis aussi bien pour un converti que pour un non converti…j’aime bp et ça va servir à qqn dès aujourd’hui.
Merci infiniment
merci Seigneur