« La crainte de l’Eternel, c’est le commencement de la sagesse. » Ce verset se trouve dès le début du livre des Proverbes et introduit clairement ce livre. Ce livre des Proverbes nous surprend toujours parce qu’on y fait sans cesse des découvertes. Qui n’a jamais été frappé par la justesse d’une maxime, par la précision ou la vérité d’un proverbe ?
Ce livre nous étonne, parfois tellement qu’on ne le fréquente pas trop ! Pourquoi ? Serait-ce parce que cette sagesse dont on parle est basée sur la réflexion, l’observation du quotidien et le bon sens ? Alors que nous voudrions quelque chose de plus spirituel ? Pourtant Jésus lui-même, dans maintes paraboles invite à réfléchir, à faire preuve de bon sens et à en tirer profit ! La parabole des deux constructeurs en est un bel exemple : l’un construit sur le roc et l’autre sur le sable. Serait-ce moins vivre dans la dépendance de Dieu que de faire preuve de bon sens ? Nulle part dans la Bible nous sommes invités à opposer ce qui serait spirituel à la sagesse quotidienne et au bon sens. Au contraire, le livre des Proverbes fait partie des Ecritures Saintes au même titre que les autres. Et si nous avons ce livre dans nos Bibles, c’est que l’Esprit Saint l’a permis et qu’il nous soit utile ! Nous pouvons donc nous plonger dans ce livre pour en tirer profit pour notre vie.
Livre des proverbes : Un style littéraire très riche
Ce livre, il est vrai, par la diversité de son contenu, peut être difficile à aborder. En même temps, parce qu’il ne contient pas de récit historique, il peut être lu de différentes manières : par courts passages, un seul verset, plusieurs chapitres en classant les proverbes par thèmes, etc. Je me souviens d’un de mes professeurs qui disait qu’il nous serait certainement utile de lire un proverbe chaque matin et un chaque soir.
Ce livre est extrêmement riche en enseignement : la sagesse a toujours quelque chose à nous apprendre et touche tous les domaines de la vie de l’être humain, non seulement sa piété, mais encore son éthique de vie, son attitude envers les autres, le travail, la paresse, les jeunes, les personnes âgées, l’homme, la femme, et même la façon de se tenir à table !
En résumé, ce livre contient un enseignement riche et varié qu’il vaut la peine d’examiner de plus près et de méditer.
Les quatre petits animaux du livre des proverbes
Ce matin, laissons-nous une fois de plus interpeller par la Parole de Dieu au travers des 5 versets que je vais vous lire :
Il y a sur la terre quatre animaux petits, Et cependant des plus sages;
Les fourmis, peuple sans force, Préparent en été leur nourriture;
Les damans, peuple sans puissance, Placent leur demeure dans les rochers;
Les sauterelles n’ont point de roi, Et elles sortent toutes par divisions;
Le lézard saisit avec les mains, Et se trouve dans les palais des rois. (Proverbes 30v24-28)
De l’observation de la nature, on peut apprendre de riches enseignements. Regardons donc de plus près chacune des quatre leçons données ici.
« Les fourmis, peuple sans force, préparent en été leur nourriture. » v25
Dans les Proverbes, les fourmis sont souvent désignées aux paresseux qui sont invités à prendre exemple quant à leur travail. Dans ce verset, le mot-clé est davantage la prévoyance que le travail en lui-même. Par leur travail acharné en été, les fourmis sont prévoyantes. Il ne s’agit pas ici de s’interroger sur l’intelligence des fourmis ou sur les raisons pour lesquelles elles agissent ainsi. Mais simplement de les prendre dans leur exemple de prévoyance. Prévoir semble être un maître-mot aujourd’hui. Toute entreprise est obligée de prévoir son avenir jusqu’à en spéculer parfois. Il n’y a pas beaucoup de domaines où la prévision soit absente : depuis les assurances, ce qui parait évident, jusqu’aux pompes funèbres, en passant par les banques et leurs multiples plans de prévoyance retraite, la météo bien-sûr, mais aussi tout ce qui touche au bonheur personnel : il n’y a pas beaucoup de journaux qui n’ont pas leur page d’horoscope !
L’homme n’est pas maître de son avenir. Il peut au mieux essayer de prévoir, mais il ne sait pas de quoi sera fait son lendemain. Jésus lui-même rappelle cela dans l’Evangile et il le fait pour inviter ses auditeurs à ne pas s’inquiéter du lendemain et surtout à faire confiance à Dieu. L’avenir appartient à Dieu qui a des projets d’espérance pour l’homme et non de malheur comme le disait Jérémie le prophète presque 6 siècles avant Jésus-Christ. Pourtant Jésus aussi dans les Evangiles parle de prudence et de prévoyance quand il utilise l’image de celui qui, s’il veut construire une tour, s’assied d’abord pour calculer la dépense. Et la parabole de l’économe infidèle, si difficile à comprendre, ne souligne qu’un seul point : la prévoyance !
Et le croyant, en mettant toute sa confiance en Dieu, ne fait-il pas preuve de prévoyance ? La question est de savoir si nous faisons réellement confiance en Dieu en premier et en tout ou si nous nous confions tout de même un peu en autre chose comme par exemple notre carte de crédit ou notre compte en banque… Pourtant la prévoyance que met en oeuvre le chrétien n’a pas un sens péjoratif, au contraire, elle signe de sagesse. Si l’on prend cet exemple des fourmis avec une vision plus métaphorique, nous pourrions noter l’intelligence qu’elles ont d’accumuler pour les jours difficiles. Aujourd’hui nous vivons dans la liberté et l’abondance. En usons-nous et en profitons-nous intelligemment ? Non seulement dans notre vie quotidienne, mais encore pour notre foi et son alimentation : la Bible fait partie de cette alimentation dont nous avons besoin pour grandir et mûrir, amassons-nous de cette connaissance ou vivons-nous dans relative insouciance ? Les fourmis nous sont données en exemple de prévoyance.
« Les damans, peuple sans puissance, placent leur maison dans le roc. » v26
Cet animal est un petit mammifère ongulé herbivore qui ressemble à une marmotte. Peuple sans puissance, nous est-il dit, animal faible, assez peureux, craintif. Ce qui le conduit à chercher son salut à l’extérieur de lui-même : dans les rochers ! Quel bel exemple pour nous ! En nous-même, nous ne trouverons pas de force suffisante, mais bien plutôt de la faiblesse, de la fragilité et de la crainte. Le croyant, comme le daman, peut alors chercher sa sécurité, son salut ailleurs qu’en lui-même : en Jésus-Christ. Le Seigneur est notre rocher et notre salut. Selon Paul, il n’y a qu’un fondement solide et sûr : Jésus-Christ. Comment là encore ne pas penser à la parabole des deux constructeurs et tout particulièrement à celui qui bâtit sur le roc ? Nous sommes invités à construire notre maison, c’est-à-dire notre vie, sur le rocher qu’est Jésus-Christ. Nous sommes invités à chercher refuge non dans nos propres forces mais en Celui qui est notre refuge et notre salut.
« Les sauterelles n’ont pas de roi et elles sortent toutes par divisions » ou par bandes v27
Le texte ici signifie qu’elles sortent en ordre, qu’elles se déplacent en ordre. Les sauterelles sont en général mentionnées dans la Bible comme un désastre, un fléau. Ici, elles ont quelque chose à nous apprendre. Elles n’ont pas de roi, c’est-à-dire pas de supérieur, pas de chef, pas non plus d’inférieur. Elles sont toutes sur un pied d’égalité. Dans ce sens-là elles sont un exemple pour l’Eglise, corps de Christ que nous formons. Pas de supérieurs ou d’inférieurs dans l’Eglise. Et quand elles sortent, c’est de façon ordonnée. Littéralement elles sortent en ordre, c’est-à-dire sans qu’il y ait de confusions et de tensions. Comme si elles avaient une direction invisible qui leur permet d’avancer sans bousculade ni heurts. Elles n’ont pas de roi et pourtant elles avancent ensembles et en ordre comme mue par une force invisible. Comment ne pas penser à l’Esprit Saint, invisible et pourtant présent dans l’église de Jésus-Christ. C’est lui qui nous fait agir dans une même voie. C’est lui qui peut nous parler individuellement pour nous convaincre d’agir dans la même optique que le reste de la communauté. Comme les sauterelles qui avancent en ordre, les chrétiens sont invités à agir dans l’unité, et non pas contre les autres, conduit par la présence invisible mais réelle du Saint Esprit.
« le lézard que tu peux prendre dans les mains et qui se trouve dans les palais des rois » v28
Ce dernier animal est un exemple d’audace ! Il est petit, faible, on peut l’attraper à la main et pourtant les palais des rois lui sont accessibles. Il a cette témérité qui fait que rien ne l’arrête, il ose, il a le courage d’aller même dans les palais des rois.
Cet exemple nous est donné pour notre foi. Avons-nous une foi audacieuse ? Attention, il ne s’agit pas de confondre l’audace avec l’arrogance ! Il ne nous appartient pas d’être arrogant ni avec Dieu, ni avec les hommes. Mais l’audace de la foi permet de croire ce qui, à vue humaine, n’est pas possible. Cette foi dont parlait Jésus à ses disciples quand il leur expliquait qu’elle peut tout jusqu’à déplacer des montagnes ou un figuier… C’est-à-dire croire ce qui parait impossible. Cette foi-là est constituée d’une solide espérance contre toute espérance. Le Christ nous dit que c’est possible : par la foi, par cette audace de la foi, par cette foi qui ose, nous avons accès au palais du Grand Roi, au trône de la grâce. Cette foi repose sur Jésus-Christ et non sur nous-mêmes. Et il est le rocher sûr et ferme sur lequel nous pouvons nous appuyer.
Pour conclure, que nous penser de ces 4 animaux ? Ils ont tous les 4 un point en commun : petitesse et faiblesse. Oserai-je un parallèle avec nous : ne sommes-nous pas petits et faibles, nous Eglise de Jésus-Christ ? Et pourtant dans notre faiblesse, comme ces animaux, en Jésus-Christ nous avons notre sagesse qui permet de prévoir en Christ, de chercher refuge en Christ, d’agir en ordre et conformément à ce que veut Christ, et enfin d’avoir l’audace de la foi en Christ. Sachons utiliser la sagesse de Dieu en nous appuyant sur Jésus-Christ. Que Dieu nous soit en aide !
Amen.