Un des handicaps les plus lourds semble être celui de la surdité. Beethoven disait à Rossini : « Je suis un malheureux, seulement un malheureux… » ; et cela, malgré son talent extraordinaire, la gloire… mais il était sourd. La surdité spirituelle est un handicap terrible, mais qui ne semble pas toujours être déterminante pour beaucoup de personnes parce qu’elles n’ont pas connu autre chose ; elles vivent dans leur propre monde, sans être sensible à la voix de Dieu. Et souvent elles crient fort, parce que sourdes à la voix de Dieu.
C’est Michel Boujenah qui disait : « On parle beaucoup du silence de Dieu et si peu de la surdité des hommes ». Alors, parlons-en, mais d’abord de l’action de Dieu : ceux qui ont connu la guérison de leur surdité spirituelle peuvent témoigner du changement qui a bouleversé leur vie.
Mais au fait, les chrétiens peuvent-ils être sourds ? Aujourd’hui nous le verrons par rapport à Dieu, et peut-être dimanche prochain par rapport aux autres. « Moi, sourd !? Vous pouvez répéter, s’il vous plaît… ? »
Lectures : Matthieu 11v2-6, 13v13-16 ; Marc 7v31-37
1) On est sourd à beaucoup de sons :
En regardant autour de nous dans la nature, notre acuité est bien limitée…!
. On ne perçoit que peu de sons par rapport, par exemple, à certains animaux ; on n’est sensible ni aux sons les plus graves ni aux plus aigus. Et c’est prouvé que ce qu’on appelle « silence » grouille de bruits (que l’on n’entend pas).
Notre oreille est sensible à des sons allant au maximum jusqu’à 20.000 hertz, tandis que les chiens peuvent aller jusqu’à 40.000, les chauves-souris jusqu’à 100.000 !
Le record est détenu par le dauphin qui est sensible jusqu’à 200.000 hertz (10 fois plus que nous…). Nous sommes bien limités et donc incapables d’entendre certains sons.
Sans parler de la surdité spirituelle
Nous percevons bien peu les réalités spirituelles, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. Et parce que nous sommes limités, nous pouvons chercher à aller au-delà de ce que nous pouvons percevoir ; par exemple par le biais du spiritisme, de l’occultisme qui prétendent faire entendre des « ultrasons », mais qui sont en définitive des « sons ultra dangereux ». Pourquoi ? Il paraît innocent de toucher à ces pratiques.
Pourtant, Dieu, dans sa Parole, condamne ces pratiques (Dt 18v9-14) : certains sons en fait sont très… graves ; pourtant ils bercent. En fait, les infrasons physiques, au bout de quelques heures, produisent des malaises, des vertiges et des nausées.
De même, les personnes qui se laissent bercer par les chants de l’occultisme peuvent ne rien ressentir de négatif au début (elles peuvent même être guéries de certains problèmes comme les brûlures ou d’autres maladies physiques), mais des témoignages parlent ensuite de problèmes psychiques qui en sont la conséquence, sans parler de l’éloignement spirituel vis-à-vis de Dieu.
Dieu nous met en garde contre des pratiques qui paraissent guérir ; et il nous invite à nous ouvrir à son influence libératrice. « Si c’est le Fils qui vous donne la liberté, alors vous serez réellement libres ! » (Jn 8v36).
Sa Parole est créatrice, recréatrice ; elle restaure, et cela, la plupart du temps, sans bruit. Si bien qu’on se demande si Dieu fait entendre sa voix…
A Elie, découragé, qui doute de lui-même, Dieu lui parle et le guérit non à travers le vent violent, pas plus par le tremblement de terre ou par le feu terrifiant, mais par un murmure doux et léger (1 Rs 19v12). Souvent, Dieu parle plus bas pour se faire entendre d’hommes sourds… Mais il agit !
En fait, sa guérison est comme les ultrasons qui sont utilisés en médecine à très haute fréquence (1 million d’hertz) pour réduire les calculs rénaux en miettes. Silencieuse, mais efficace.
Oui, nous sommes limités dans notre perception spirituelle, mais le Seigneur veut intervenir pour nous, comme il l’a fait pour le sourd-muet (Mc 7v31-37) ; cela se passe quand Jésus traverse la Décapole, une région essentiellement païenne.
En guérissant ce sourd-muet il montre qu’il est ce Messie promis (Es 35v5) mais aussi que ceux qui sont atteints de surdité spirituelle (les païens) peuvent entendre la Parole de Dieu qui guérit.
« Remplies d’étonnement, les foules s’écriaient : Tout ce qu’il fait est magnifique : il fait entendre les sourds et parler les muets !’ ».
2) On peut être sourd à cause de l’habitude.
En vivant dans un certain contexte, on devient facilement insensible à certains bruits ; par exemple au trafic : l’oreille n’est plus arrêtée par l’agression des décibels des voitures. On vit avec, sans paraître perturbé par ces bruits réguliers.
Le cerveau fait une sélection et peut, même dans ce bruit, n’entendre que le chant d’un oiseau en laissant de côté les bruits plus intenses.
On est capable également de discuter avec une personne tout en étant plongé dans ses propres pensées ; on entend parler mais on n’écoute rien de ce qu’elle dit…
Et c’est pareil dans notre vie avec Dieu ; on peut être tellement centré sur soi-même que l’on n’entend pas Dieu nous parler.
Nous entretenons des domaines comme l’inquiétude ou la colère, en les légitimant, style : « C’est ma nature, qu’est-ce que vous voulez… », en étant sourd à des paroles que nous connaissons par ailleurs, comme : « Ne vous inquiétez pas du lendemain » (Mt 6v34), ou : « Que toute irritation, toute colère disparaissent du milieu de vous » (Ep 4v31) ; nous n’entendons que… notre pensée.
« Dieu parle tantôt d’une manière, tantôt d’une autre, et l’on n’y prend pas garde » (Job 33v14).
Alors, quelques fois, Dieu parle d’une manière dure à supporter. CS. Lewis disait : « La souffrance est le mégaphone de Dieu pour réveiller un monde sourd ».
Nos habitudes, la routine quotidienne nous empêchent de reconnaître une bénédiction de Dieu (sinon, trop souvent au bruit qu’elle fait quand elle nous quitte).
Que c’est difficile d’écouter la Parole de Dieu come si c’était la première fois ; on devient si facilement insensible et sourd. « Ah… encore ce texte ce matin… ? »
3) Les bruits plus forts nous rendent sourds ou annulent d’autres sons.
Les décibels d’un avion qui passe à basse altitude rendent incompréhensible la parole d’un ami. Pour lutter contre les bruits, on peut choisir une de ces 4 solutions : aller dans la neige qui absorbe beaucoup de bruits ; pourquoi ? Parce que les ondes du son buttent contre les aspérités… des flocons de neige. Ou alors, il faut aller au cœur (l’œil) d’un cyclone ; il paraît qu’il y a un silence… de mort. Ou on peut ériger, par exemple près des voies à grande circulation, des murs antibruit ; c’est efficace,… surtout à la campagne. Ou alors il y a le bruit « intelligent » : comme le bruit est une onde, le principe est d’émettre une onde sonore de la même intensité dans la direction du premier bruit.
. Dans la vie, certains évènements empêchent d’entendre la voix de Dieu.
Moïse est envoyé par Dieu auprès du peuple hébreu pour leur apporter un message de délivrance. « Mais ils ne l’écoutèrent pas parce qu’ils étaient démoralisés à cause de leur dur esclavage » (Exode 6v6-9).
Combien facilement nous n’entendons que le vacarme des épreuves qui nous empêche d’écouter la Parole de Dieu…
. Satan se plaît à contrer Dieu en faisant beaucoup de bruit.
Notre société vit dans le bruit et ne supporte pas de se retrouver dans le silence ; par exemple en laissant la TL allumée toute la journée ou la radio dans la voiture, sans parler des jeunes avec le casque sur les oreilles tout le temps.
Une expérience terrifiante, semble-t-il : on a inventé une chambre sourde dont les parois absorbent 99% des bruits ; le résultat est qu’au bout de 10 minutes le silence devient insupportable et qu’on sombre dans des crises d’angoisse.
. On ne supporte pas le silence ; parce que c’est là qu’on est confronté à la réalité de soi-même. Nous ne supportons pas de prier en restant silencieux ; nous abreuvons Dieu d’un flot de paroles que nous terminons par « amen » (sous-entendu : « j’ai fini ; je vais faire autre chose maintenant »).
Au lieu d’avoir l’attitude de Samuel qui disait : « Parle, Seigneur, ton serviteur écoute », combien facilement nous vivons : « Ecoute, Seigneur, ton serviteur parle » (en fait, c’est le serviteur qui passe commande à Dieu).
. Voici une autre astuce du diable, à savoir contrer la Parole de Dieu par une parole qui est à peu près la même mais qui détruit celle de Dieu, comme cela se passe avec le bruit « intelligent » (Satan l’est beaucoup plus que nous) qui cherche à annuler la Parole de Dieu.
Jésus montre que quand Dieu sème la bonne semence, le diable sème la mauvaise herbe. Il a utilisé même cette Parole pour essayer de faire pécher Jésus ; qui répond à son tour par des paroles vraies, et sort alors vainqueur de ces tentations.
Pour nous aussi, il nous faut, pour résister, savoir manier « l’épée de l’Esprit qu’est la Parole de Dieu » (Ep 6v17). Le psalmiste disait : « Je serre ta Parole dans mon cœur afin de ne pas pécher contre toi » (Ps 119). Comment nous donnons-nous les moyens pour la connaître ?
. Nous nous méfions de ceux qui ont facilement à la bouche : « Le Seigneur m’a dit », mais nous risquons facilement de prendre notre pensée comme étant la seule vérité, sans vivre humblement devant Dieu, dans une réelle dépendance de lui.
Quand nous controns la Parole de Dieu par la nôtre, nous ne faisons pas preuve d’intelligence.
4) Mais le problème le plus grave, c’est que nous sommes sourds à cause de la détérioration du système auditif.
Même si beaucoup de personnes ont ce problème d’audition, les jeunes ont ou auront l’ouïe diminuée à cause des écouteurs soudés sur leurs oreilles.
D’un point de vue spirituel, l’être humain a connu une détérioration irrémédiable qui le rend par lui-même incapable d’entendre Dieu.
Pourtant, à travers les différentes religions, on voit les efforts faits pour parvenir jusqu’à Dieu.
Mais il n’y a qu’une seule Bonne Nouvelle : elle était annoncée dans l’Ancien Testament et réalisée par Jésus ; en parlant de la venue et de l’œuvre du Messie, Dieu annonce par Esaïe : « Le Seigneur viendra lui-même et vous sauvera. Alors s’ouvriront les oreilles des sourds » (Es 35v5 ; cf. Mt 11v5).
Cette Bonne Nouvelle, c’est que Dieu peut, malgré notre surdité spirituelle, nous guérir pour communiquer avec nous et nous permettre de lui parler et de l’écouter.
Mais beaucoup, malheureusement, ferment leurs oreilles à cet appel de Dieu.
Ce risque peut être aussi le nôtre (et peut-être que ceux qui refusent d’écouter Dieu, s’ils voyaient que nous ouvrions nos oreilles un peu plus, changeraient…).
Le risque, c’est d’être comme le peuple juif qui a fermé ses oreilles au lieu d’écouter le message de Jésus, « de peur d’entendre, de comprendre, de se convertir et d’être guéri par le Seigneur » (Mt 13v14-17).
Voilà ce que le Seigneur veut faire pour nous : nous guérir de notre problème de surdité ; et si c’était la peur d’être guéri de nous-mêmes qui nous faisait fermer nos oreilles ?
« Parle, et pour que je comprenne ton enseignement divin, Dans ta grâce souveraine, instruis-moi par l’Esprit Saint.
Parle, et pour que j’obéisse à tes ordres aussitôt, Forme-moi pour ton service, pour te suivre, Saint Agneau. »
Jean-Ruben
très très instructif
Bravo ! Ce que vous dites est tout à fait confirmé par l’émouvant témoignage de Louis Cattiaux dans « Le Message Retrouvé ».