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Matthieu 23v24: L’essentiel est menacé par l’insignifiant!

L'essentiel menacé par l'insignifiant

Il est des manières de vivre qui se retrouvent au fil des générations, des cultures ; elles sont communes à toutes les couches sociales, se vivent à tous les âges de la vie. Nous allons résumer cela à travers une image que Jésus prend, en s’adressant aux pharisiens (Matthieu 23v24) : « Vous avez soin de filtrer vos boissons pour éliminer le moindre moucheron, et… vous avalez le chameau tout entier ». Le principe pourrait s’énoncer ainsi : l’essentiel est menacé par l’insignifiant. Ce qui est sans importance prend beaucoup de place, et ce qui est vital passe… aux oubliettes:

  • C’est une réalité que nous connaissons.
  • Quelques histoires bibliques.
  • Quelques interpellations.

1) Le fait que l’essentiel soit souvent menacé par l’insignifiant est une réalité que nous connaissons.

Sur le plan personnel

Il est bien difficile de s’en tenir à ce qui est important. Ce qui conditionne mon moral peut reposer sur ce qui est, en fait, bien secondaire : ce matin, quelqu’un a grillé le feu rouge alors que moi, je me suis arrêté à l’orange ; ah ! si les gendarmes faisaient un peu plus leur travail… Depuis, je suis rempli de colère, et je n’ai pas le cœur à chanter. Quelques fois, ce n’est pas la peine qu’une épreuve soit grave pour qu’elle modifie tout le comportement, remplisse la tête de préoccupation dont on devient esclave.

Dans les relations avec les autres

Combien facilement une blessure reçue peut avoir une incidence lourde et déterminante. Un mot de travers, une remarque désobligeante et une relation peut être cassée. Je finis par considérer mon conjoint à travers un défaut ; par exemple : le fait qu’il ne range jamais (enfin…, presque jamais) ses chaussettes sales ; à force, cela devient insupportable ! Un trait de caractère suffit à considérer une personne et à la porter aux nues ou à la dénigrer. C’est quelques fois la couleur de sa peau, sa condition sociale, sa manière de s’habiller, ses fréquentations qui orientent mon regard et déterminent ma perception sur elle.

Je ne considère plus une personne qui passe à côté de moi à la sortie du culte sans me saluer ; c’est inadmissible ! Mais je prouve par là que je mets en avant ce qui est secondaire (même si c’est dommage qu’elle ne manifeste pas cette ouverture, cet intérêt de l’autre en ne me saluant pas). Le problème, c’est qu’il pense la même chose de moi… La conséquence ? Beaucoup de relations sont distendues ou cassées, parce que basées sur la superficialité ; les conflits sont facilement démesurés, les motifs de séparation de plus en plus nombreux.

L’éducation, même si elle est constituée de petits faits, devrait viser à porter sur l’essentiel.

Ah ! les vacances de Noël ! Et ce que les parents vont mettre en évidence, ce sera la rencontre de famille, ou les cadeaux mirobolants. Jusqu’où ce qui est important à Noël sera retenu par l’enfant à travers ce que ses parents vivront ?

Bien sûr, c’est important qu’un enfant apprenne à être poli, qu’il fasse du sport, qu’il réussisse ses études ; c’est normal de lui consacrer du temps pour cela. Malgré tout, cela est secondaire par rapport à l’essentiel (sauf si pour moi, en tant que parent, l’essentiel est dans un de ces domaines ; je dirige les regards de mon enfant vers ce que je considère important).

L’Ecclésiaste l’avait bien compris ; en conclusion de son livre (et de sa vie), il écrit : « On peut multiplier les livres sans fin et le corps se fatigue à force d’étude. Ecoutons bien la conclusion de tout ce discours : sois rempli de respect pour Dieu et obéis à ses commandements, car c’est là l’essentiel » (Ecclésiaste 12).

Dans la vie dans l’Eglise

Là aussi l’essentiel est souvent menacé par l’insignifiant : l’évangélisation par le matériel, la rencontre avec Dieu par la prière bizarre d’une personne, la couleur de la cravate de celui qui est derrière la chaire (ou son absence de cravate) et non le message; un cantique trop ancien ou trop moderne, et le culte devient insipide. Il est facile de s’achopper à un élément et de négliger l’essentiel.

2) Arrêtons-nous sur quelques situations du Nouveau Testament où il est question de l’essentiel et du secondaire:

Le reproche de Jésus aux pharisiens

. Un des reproches les plus graves que Jésus ait fait aux pharisiens porte sur ce point. Ils semblent pourtant tellement religieux ! Ils donnent scrupuleusement le dixième de tous leurs revenus (même jusqu’aux plus petites épices…); mais ils ne s’appliquaient pas à vivre l’essentiel enseigné par Dieu, à savoir « ce qui est juste selon Dieu, l’amour et la fidélité » ; ils accordaient une grande importance aux choses secondaires (selon Dieu) : ils filtraient le moucheron, tout en négligeant les choses importantes : ils avalaient le chameau. Ils se focalisaient et semblaient si occupés par des détails – pour paraître spirituels – mais ne s’intéressaient pas aux questions essentielles. Leur vie était encombrée de détails (justes) mais qui auraient dû découler du principal.

Jésus ne disait pas qu’il fallait négliger les points secondaires mais que l’erreur était de négliger ce qui est essentiel. Et parce que les pharisiens ne voulaient pas vivre l’essentiel, Jésus les appelle « des conducteurs aveugles ». Reconnaître ce qui est important et le vivre, c’est marcher dans la lumière.

L’importance accordée aux apparences extérieures

Jésus continue en soulignant, toujours en ce qui concerne leur comportement, leur vie hypocrite : ils s’occupent de la propreté extérieure (comme celle du dehors de la coupe ou du plat) pour l’apparence, par rapport au regard des autres, pour paraître beaux. Mais ils ne s’empressent pas autant pour purifier leur cœur ; peut-être parce qu’ils pensent que cela, on peut le cacher…

Et Jésus prend alors l’image du sépulcre : pour l’apparence, ces hommes sont blanchis extérieurement ; mais à l’intérieur, c’est la décomposition. L’apparence peut montrer une façade religieuse, spirituelle, mais au-dedans, la réalité parle de corruption.

Un attachement coupable aux traditions … des hommes

Dans Marc 7, Jésus, toujours en s’adressant aux pharisiens, dénonce le fait qu’ils s’attachent aux traditions des hommes en délaissant la Parole de Dieu (qui est le fondement, l’essentiel). Jésus continue : « Vous réussissez parfaitement à mettre de côté le commandement de Dieu pour établir votre propre tradition ». Ils « inventent » une tradition. « Voilà comment vous annulez la Parole de Dieu par votre tradition ». L’essentiel est sans cesse menacé par l’insignifiant ; c’est-à-dire la pensée de Dieu par la nôtre.

. L’histoire du jeune homme riche fait réfléchir sur ce qui est essentiel et sur ce qui est de moindre importance. Pour cet homme religieux, l’essentiel, ce sont ses biens : il était parce qu’il avait et faisait (à travers l’observation de la loi). Pour Jésus, l’essentiel est dans le fait de le suivre et, en conséquence, de vivre pour les autres; mais pour cet homme, le secondaire (le matérialisme) était devenu l’essentiel. Jésus veut l’aider à mettre les choses à leur place, afin de vivre réellement. La conséquence du refus de cet homme est qu’ « il s’en alla tout triste » (Mt 19v22).

Pour l’apôtre Paul l’essentiel est dans le ciel!

. Paul (Galates 6v15) définit l’essentiel du secondaire en conclusion de son épître : « Peu importe d’être circoncis ou non. Ce qui compte, c’est d’être une nouvelle créature ». La circoncision résumait la conception du salut par les œuvres ; pourtant, ce n’est pas rien de vivre en faisant le bien ! Mais aux yeux de Dieu, par rapport au salut, c’est nul ! Sans importance, insignifiant. L’essentiel est dans le ciel ! c’est-à-dire dans l’œuvre de Dieu qui fait de l’être humain une nouvelle créature, en faisant naître à sa vie. Mt 7v21-23 : Jésus (encore à propos de personnes très religieuses) affirme que ce qui est déterminant pour être sauvé, c’est d’être connu de lui, de vivre dans une relation d’intimité, et non d’afficher un CV impressionnant d’œuvres extraordinaires (par rapport aux autres).

. Pour la vie dans l’Eglise, Paul montre que les chrétiens de Corinthe faisaient fausse route en s’attachant à leur leader – comme si un homme pouvait être essentiel dans une Eglise : « Moi, je suis de Paul », « moi, d’Apollos ! » « Vous vous jalousez les uns les autres et vous vous disputez ; n’êtes-vous pas semblables à des hommes livrés à eux-mêmes… ? » (1 Co 3v4). L’essentiel est là encore dans le ciel : « Après tout, que sont Apollos et Paul ? Des serviteurs. Ce qui compte, c’est Dieu qui fait croître ».

3) Quelques interpellations à partir de ces textes, sur le plan personnel et relationnel.

. En revoyant le film d’une journée type, jusqu’où ce ne sont pas des éléments secondaires, même insignifiants, dont je nourris ma pensée, par le biais de mon regard ? Y a-t-il du temps dans ma journée pour recevoir et donner, à Dieu, aux autres ? Et cela par la Bible, la prière. Et jusqu’où ces choses insignifiantes ne deviennent-elles pas essentielles – en laissant un goût d’insatisfaction chronique ?

Jésus, dans le désert, a connu les besoins dans son corps ; et Dieu son Père va y répondre. Mais il sait qu’il y a une priorité encore plus essentielle : « L’homme n’a pas seulement besoin de pain pour vivre mais aussi de la Parole que Dieu prononce » (Matthieu 4).

L’essentiel c’est la vie éternelle avec Dieu

. Est-ce que je suis en règle par rapport à la vie éternelle avec Dieu ? Il n’y a rien de plus essentiel. Malgré tout, le reste est secondaire. « Ce qui compte, c’est d’être une nouvelle créature » ; « nous vous en supplions au nom de Christ : soyez réconciliés avec Dieu ! » (2 Corinthiens 5).

Au moment de la mort ressurgit ce qui a été considéré comme essentiel pendant la vie. J’ai lu le témoignage de 2 hommes et leurs dernières paroles : un riche industriel de la charcuterie ouvre la bouche, avant sa mort, comme pour dire ses dernières volontés, et dit : « Il faut… couper le jambon… en tranches extrafines ».

Les dernières paroles de John Wesley, au contraire, révèlent ce qu’a été sa foi profonde : « Christ est tout… Alléluia ! Quel Dieu est le nôtre ! »

Et comment est-ce que je considère ceux qui m’entourent ?

Leur apparence, leur manière de s’exprimer prennent-elles le pas dans mon approche, si bien que mon jugement sera superficiel ? Connaître avec les yeux du cœur, est-ce mon but réel ?

Une histoire juive raconte que le prophète Elie s’était présenté chez un riche. Vêtu de haillons, il demanda l’hospitalité. Le riche le renvoya en l’insultant. Quelques jours après, Elie se présenta de nouveau à la porte de la somptueuse villa, vêtu de vêtements splendides. Le riche ne reconnut pas le mendiant et il le fit entrer avec de grands honneurs et l’invita à sa table. Il lui offrit son meilleur vin. Elie prit la coupe et en versa le contenu… sur son vêtement. Et le prophète fit cette remarque au riche consterné : « Il y a quelques jours, je suis venu habillé de haillons et tu m’as rejeté. Aujourd’hui, je suis venu richement vêtu et tu m’as accueilli. En réalité, ce n’est pas moi que tu as reçu, mais mes habits. C’est donc normal que ce soit à eux que revienne le vin que tu as offert ». Dieu dit à Samuel : « Je ne juge pas de la même manière que les hommes : l’homme ne voit que ce qui frappe les yeux, mais l’Eternel regarde au cœur » (1 Samuel 16v7).

En conclusion,

Nous sommes dans une société où l’insignifiant dirige la vie, les buts, les relations ; sans parler de notre propre nature qui nous pousse dans le même sens. A la sortie de ce culte, nous le vivrons peut-être, si nous n’y prenons pas garde.

Ne confondons pas le moucheron et le chameau. L’essentiel est délaissé et l’insignifiant risque constamment de prendre le dessus. « Faites donc du règne de Dieu et de ce qui est juste à ses yeux votre préoccupation première ; et le reste vous sera donné en plus » (Matthieu 6).

Jean-Ruben

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