Quelques fois, la Bible est bien difficile à comprendre ! Pourquoi ? Il arrive que ce soit parce qu’elle est dérangeante… Alors, on ne veut pas la comprendre. Quelqu’un disait que, ce qui le gênait dans la Bible, ce n’était pas tant ce qu’il ne comprenait pas mais bien plutôt ce qui était clair…
Sur certains points, la difficulté de compréhension est évidente ; les chrétiens ont alors des interprétations différentes sur un même texte. Nous voulons rester humbles face à ces textes. Mais la difficulté de compréhension est liée à plusieurs facteurs ; et cette difficulté peut s’estomper grâce aux découvertes archéologiques, linguistiques ; elles peuvent éclairer les ombres et permettre de mieux cerner la culture de l’époque où a été écrite la Bible.
Nous croyons fermement que Dieu est celui qui a inspiré sa Parole et qu’elle est la vérité ; mais certains avancent des apparentes contradictions de la Bible pour affirmer qu’elle est pleine d’erreurs, ce qui prouverait que c’est un livre écrit par des hommes, et c’est tout (dans un article, par exemple, l’auteur montrait que selon Matthieu ou Luc, Judas aurait eu 2 morts différentes, ce qui prouverait, selon lui, que la Bible contient des erreurs ; mais il y a une approche possible qui essaie de faire concorder les 2 récits qui deviennent alors complémentaires et non pas opposés).
Il y a aussi une lecture qu’on peut qualifier de simple mais qui peut s’avérer simpliste… et fausse. Cherchons, et nous trouverons ; approfondissons et nous comprendrons de mieux en mieux la vérité qu’est la Parole de Dieu. Je vous propose quelques pistes où nous examinerons quelques versets difficiles.
1) Attention : nous lisons certains textes avec des lunettes modernes sans tenir compte de la dimension culturelle :
. Exagérée, semble-t-il, et même inadmissible, la demande de Jésus de « haïr sa famille » (Luc 14v26) : mais dans le contexte culturel, cela était une façon d’exprimer une priorité ; l’engagement à suivre Jésus relativise les autres engagements, qui deviennent moins importants alors. De plus, en comparant avec un autre passage (Matthieu 10v37), Jésus dit : « Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi » : c’est bien une question de priorité et non d’exclusion.
Prenons un autre exemple avec l’expression « porter sa croix » quand Jésus dit : « Celui qui ne porte pas sa croix et ne me suit pas n’est pas digne de moi » (Matthieu 10v38). L’idée populaire que beaucoup comprennent est qu’il faut accepter les difficultés de la vie et les souffrances (avec l’idée des mérites qui en découlent). Il y 2 réponses possibles : à l’époque, le condamné à mort portait sa croix jusqu’au lieu du supplice, hué par la foule ; sur le plan symbolique, celui qui suit Jésus-Christ doit être prêt à être rejeté par la société, à être condamné par les autres (et même être prêt à en mourir) ; il faut aussi, pour comprendre le mieux possible ce verset, en voir d’autres qui peuvent compléter le sens et permettre une meilleure compréhension : Jésus, dans Matthieu 16v24, définit « se charger de sa croix » comme le fait de « renoncer à soi-même » ; porter sa croix signifie donc mourir à soi-même, à ses intérêts pour vivre selon Dieu. Ce verset fait suite à la décision de mettre en priorité Jésus et non sa famille, et ici il s’agit de mettre en priorité la volonté de Dieu et non la sienne propre.
. Nous comprenons l’expression « fils de » comme le descendant direct ; mais dans la pensée ancienne, le fils peut être le petit-fils ou l’arrière-petit-fils. Comme l’expression « les pères » peut signifier « les ancêtres ». Pour ne pas voir cela, certains affirment que la terre a 6000 ans et traitent d’infidèles ceux qui n’acceptent pas leur interprétation.
. Il nous semble exagéré que Jésus empêche quelqu’un qui veut le suivre d’aller enterrer son père (Luc 9v59) ; mais cette expression à l’époque peut vouloir impliquer rester avec son père jusqu’à sa mort, c’est-à-dire pour une durée indéterminée.
. Quand Jésus envoie ses disciples en mission, il leur dit : « Ne saluez personne en chemin » (Luc 10v4) : saluer quelqu’un est pourtant un signe de respect, de désir d’entrer en relation ! Mais c’est lire avec des lunettes modernes et occidentales : à l’époque de Jésus, quand on se saluait, on faisait 2 shalom en s’inclinant à droite et à gauche, puis on échangeait des nouvelles de la santé de chacun, des affaires du jour,… et ça se terminait par 2 shalom ; paraît-il, cette politesse pouvait prendre une demie heure… Pour avoir pris à la lettre cette parole de Jésus, certains qui évangélisaient se sont fait prendre pour des impolis.
2) Attention à la portée symbolique :
. On peut s’imaginer comment est physiquement Dieu à travers des affirmations de la Bible en prenant certains versets qui parlent de ses yeux, de ses mains, de ses pieds, de ses bras, de ses oreilles, de son cœur, etc… Mais au-delà de son aspect physique, cela sert à parler de l’action de Dieu : parler de ses oreilles signifie qu’il entend les prières et qu’il est attentif à ceux qui l’appellent ; parler de sa main montre qu’il est un Dieu qui agit. Jésus affirme que « Dieu est esprit » ; ailleurs il dit : « Un esprit n’a ni chair ni os ».
Le symbole n’est pas l’élément essentiel, il dirige vers ce qu’il signifie.
. Un autre exemple : à propos de certains actes, l’importance dans l’onction d’huile (en vue de la guérison d’un malade) n’est pas l’huile mais ce qu’elle signifie : elle est le symbole de Dieu le Saint Esprit et cela dirige les regards vers Dieu qui seul guérit. Il faut donc que l’élément matériel (l’huile) soit pris d’une manière symbolique en percevant ce qu’il représente. Sinon on est proche de la superstition.
C’est la même approche avec la Sainte Cène (où les éléments physiques ne font que mieux faire comprendre leur signification spirituelle) ou le baptême chrétien : il ne s’agit pas de supprimer l’élément matériel (l’eau) mais de le laisser à sa place secondaire ; le fait d’être immergé dans l’eau n’est surtout pas l’élément qui sauve mais il symbolise bien la mort (comme une noyade) et la résurrection, la nouvelle vie qu’on connaît.
. En rapport avec l’aspect symbolique que certains nombres ont dans la Bible, on peut se poser la question de notre compréhension moderne qui peut nous faire lire ces textes d’une manière erronée. Quand nous lisons le chiffre 7, nous pensons qu’il est égal à 5+2 ; mais dans l’antiquité ce chiffre parle moins d’un nombre exact que de plénitude (par exemple, lorsqu’il est parlé des « 7 Esprits de Dieu », Apocalypse 1v4).
Le chiffre 10 a aussi une portée symbolique : il y a, par exemple, plusieurs listes de généalogies avec chaque fois 10 générations ; mais certaines peut-être au milieu ne sont pas citées. La pensée de l’écrivain est de montrer la perfection dans le déroulement de l’histoire et dans le plan divin.
Le chiffre 40 parle chaque fois d’une épreuve très longue. Nous, nous affirmons qu’Elie a marché 30 jours + 10 pour aller jusqu’au Sinaï (« 40 jours et 40 nuits » ; 1 Rois 19v8) ; mais certainement le but de l’écrivain est de mettre l’accent sur l’épreuve très longue qu’il a supporté pour aller jusqu’à ce lieu. Idem pour les 40 jours de tentation dans le désert pour Jésus (Luc 4). Même si Jésus est resté réellement 40 jours, ce chiffre nous invite à voir une autre dimension. Le danger est de mettre l’accent où Dieu ne le met pas et faire subir à la vérité des distorsions.
Quand Jésus annonce qu’il sera « 3 jours et 3 nuits dans le sein de la terre » (Matthieu 12v40), ou qu’il « ressuscitera 3 jours après avoir été mis à mort » (Marc 8v31), on pourrait en conclure qu’il s’est trompé : du vendredi après-midi jusqu’au dimanche matin, cela fait 1 jour et demi. Mais pourtant les pharisiens ont bien compris qu’il ne parlait pas de jours de 24 heures puisqu’ils ont placé leurs soldats dès le samedi. Le chiffre 3 est pris par Jésus d’une manière symbolique. Par ailleurs, il parle la plupart du temps de sa résurrection « le 3ème jour », ce qui cadre alors avec le calendrier.
Nous comprenons les jours comme étant de 24 heures ; mais dans plusieurs textes, un jour correspond à une période ; il est donc possible de lire le récit de la création comme parlant de 7 périodes, même très longues.
Dans l’Apocalypse, les chiffres sont-ils à prendre littéralement ou symboliquement ? Prenons l’exemple des 144.000 sauvés (Apocalypse 7v4) ; ils sont la multiplication de chiffres hautement symboliques dans la Bible : le 12 et le 1000 qui parlent de la multitude. Et si on prend ce chiffre à la lettre, alors il faut prendre aussi à la lettre ceux qui sont sauvés, à savoir les 12 tribus d’Israël seulement.
Ah… pas évident de tenir compte de l’aspect symbolique de certains chiffres. Alors, pour ne pas risquer d’attribuer à la Bible des erreurs, on peut préférer prendre à la lettre ces affirmations ; mais on risque de la fausser aussi en ne voyant pas le symbole qu’il y a derrière.
3) Attention au sens de certains mots :
. Nous employons l’expression « au nom de Jésus » pour terminer notre prière (mais pourquoi pas au début ?) ; Jésus nous enseigne à prier de cette manière. Mais là aussi, nous pouvons tomber dans une forme de superstition, comme si notre prière allait être alors mieux exaucée. Le sens que donne Jésus va au-delà des mots : cette expression signifie « dans l’union avec lui ». Nous pouvons très bien ne pas dire cette expression et être agréé par Dieu parce que nous avons conscience que notre prière est faite en communion avec le Seigneur et par son intermédiaire.
. Un mot qu’on a certainement galvaudé : la repentance. On la définit facilement comme le regret des fautes. Mais en recherchant dans d’autres versets, ce n’est qu’une partie de la signification ; y est ajouté le désir de vivre autrement, selon la volonté de Dieu. Ce changement est d’abord intérieur, dans la pensée, et cela débouche sur un changement de comportement. La première notion conduit et s’arrête à la confession ; la deuxième continue par la volonté de vivre toujours plus transformé par Dieu et pour lui.
C’est la même chose pour un terme comme « la seconde mort » qui n’est pas la cessation de la vie mais la séparation d’avec Dieu.
. Notre notion de la chair ou de la foi sont comprises aujourd’hui différemment qu’il y a 2000 ans. Il est donc bon de posséder une traduction qui donne les différentes nuances de ces termes. On traduit « la chair » par « l’homme livré à lui-même », « la foi » par « la confiance ». Au lieu de « l’homme animal » (1 Corinthiens 2), on traduit « l’homme réduit à ses seules forces ».
Quand on lit : « Jésus est le chef et le consommateur de la foi » (Hébreux 12v2) on comprend mieux avec les traductions récentes de la Bible : « Jésus nous a ouvert le chemin de la foi et il la porte à la perfection ».
Face à ces difficultés (et on ne les a pas toutes épuisées), on aurait peut-être plus envie d’arrêter de s’appuyer sur la Bible ! Heureusement que nous savons que ce n’est pas qu’avec notre intellect que nous devons la lire mais en demandant au Seigneur de nous donner son Esprit. Comme les disciples, il nous faut demander au Seigneur son aide, ce qui n’exclut pas le fait de rechercher, d’approfondir pour mieux comprendre. « Demandez et vous recevrez ; cherchez et vous trouverez », dit Jésus (Matthieu 7v7). Notre but devrait être, malgré les difficultés, de nous « attacher à la Parole » (Jean 8v31), pour que « la Parole de Christ habite en nous dans toute sa richesse » (Colossiens 3v16). Dieu dit : « Vous me chercherez et vous me trouverez,… si vous me cherchez de tout votre cœur » (Jérémie 29v13).
Qu’il est long ce chemin de la découverte… mais il est celui de la vérité et de la vie.
Jean-Ruben
Je veux maîtriser la parole de Dieu