L’intérêt pour l’évangélisation grandit
L’intérêt pour l’évangélisation de la France a vu le jour au sein de la Conférence Suisse de l’Evangelische Gemeinschaft dès avant la grande Guerre (14-18). Mais les moyens manquaient encore et puis nous n’avions pas encore de points de chute. De plus, la question de la langue nous posait des difficultés. Au sortir de la guerre, la situation a changé. L’Alsace et la Lorraine sont revenus à la France et par ce biais un bon nombre de nos communautés ont été intégrées au peuple français. De cette façon, l’intérêt pour la mission en faveur de la France fut renforcé tout à nouveau.
Présence et attentes de la diaspora suisse
Une autre circonstance venait s’ajouter. Un grand nombre de familles suisses sont venues s’installer dans les régions partiellement dépeuplées et désertées par la population de France pour y fonder une nouvelle patrie. Dispersés partout au milieu d’une population en majorité catholique, la plupart des familles protestantes suisses n’avaient guère l’occasion d’entendre ni d’assurer l’enseignement religieux à leurs enfants. Et là même où se trouvait à une faible distance un culte protestant, la plupart des Suisses en restaient éloignés en raison de leur faible connaissance du français. Ainsi ces immigrés, couraient-ils le danger de perdre leur force et forme spirituelles et de se ranger soit au catholicisme soit à l’indifférence.
Ministère itinérant du pasteur J J. von SIEBENTHAL
C’est dans ces circonstances que je rencontrai une de mes anciennes catéchumènes, Madame Dora STRECKLISEN-BÜRCHER -ce fut durant l’été 1925. Je m’entretins avec elle des conditions dans lesquelles elle et sa parenté vivaient maintenant dans le Sud-Ouest de la France et je lui signalai que j’étais prêt à leur offrir un accompagnement pastoral à eux comme à ceux qui vivent dans la région, pour autant que cela m’était possible.
Sur ce, je reçus une lettre le 18 novembre 1925 de Monsieur STRECKEISEN, où il se déclarait prêt à m’accueillir chez lui lors d’une visite pastorale éventuelle et m’envoyait les coordonnées d’autres familles suisses, qui, peut-être, étaient susceptibles de lire un traité religieux. A ce stade, ces familles furent invitées à s’abonner à l’EVANGELISCHER BOTSCHAFTER, ce que plusieurs d’entre eux firent. En mars 1926, je voyageais par là. Après avoir fait des visites à Alaissac et à Toulouse, je rejoignis le 11 mars Agen et Astaffort ; j’y prêchais devant quelques Suisses rassemblés à Sempot chez la famille KREBS, dont j’avais appris à connaître précédemment la parenté à Thungan. Après le 14 mars, un dimanche, j’ai été reçu chez la famille STRECKEISEN à Seiailles (Gers), j’y prêchais deux fois, j’y baptisais plusieurs enfants et visitais les Suisses de la région. La Parole de Dieu y était écoutée volontiers. Certains exprimèrent le désir très sérieux de vouloir suivre plus souvent un culte. ; pour d’autres il était davantage question de cultiver le lien social. Un compte-rendu de ce voyage parut dans le BOTSCHAFTER (Année 1929, N°18 ET 19). J’ai aussi parlé de ce champ missionnaire à la Pastorale.
Et c’est à l’occasion de la Conférence annuelle de 1926 à Bâle qu’il fut décidé de lancer une mission parmi les Suisses émigrés dans le Sud-Ouest de la France (§49 et 50).
J.J. von SIEBENTHAL