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Hébreux 11v13-16 : étrangers et voyageurs sur cette terre

Alors, comment aborder cette nouvelle étape ? Une nouvelle étape parce que nous entamons une nouvelle année avec la reprise des activités ou avec une nouvelle situation pour plusieurs. Qu’est-ce que cela implique pour nous ?

Nous entreverrons cette étape, individuellement et en tant qu’Eglise, au travers de cette expression : « Vous êtes étrangers et voyageurs sur la terre » (1 Pierre 2v11). Nous allons nous placer ce matin non pas en parlant de l’attitude du chrétien envers les étrangers dont il est largement question ces derniers temps (même si nous aborderons le sujet), mais en nous rappelant que nous sommes aussi « étrangers et voyageurs sur la terre ». L’étranger n’est pas seulement celui qui est en face de nous : nous en sommes. En quoi est-ce important de vivre cette réalité ?

Lectures : 1 Pierre 2v11-12 ; Hébreux 11v13-16

Bon, d’accord pour ce qui est d’être voyageurs sur cette terre : c’est intéressant de découvrir de nouveaux pays ! Nous aimons l’aventure, même si nous plaçons la limite à différents stades… Mais malheureusement, ce n’est pas dans ce sens que nous sommes appelés à nous considérer comme des voyageurs. Cela implique ne pas s’arrêter, d’être en mouvement sans pouvoir poser ses valises. Ça, c’est déjà moins marrant…

Quant à nous considérer comme des étrangers permanents, là c’est plus dur encore : cela entraîne, nous le voyons partout actuellement, l’insécurité, le danger constant, l’arnaque des passeurs sur qui les gens comptent ; sans parler de l’incertitude du lendemain. Sans posséder de propriété, de chez soi.

1) Voyons d’abord la réalité qui relève de la tendance naturelle de vivre et celle à laquelle Dieu nous appelle :

a) Celle que nous vivons se rapproche peut-être plutôt d’une vie où nous sommes installés ; plus ou moins tranquillement mais en tout cas où nous faisons tout pour poser nos valises, sans avoir à les refaire régulièrement. Nous avons facilement – et c’est naturel – plutôt l’aspiration à ne pas quitter notre zone de confort une fois que nous avons pu en trouver une. Pourquoi vouloir la quitter !?

Alors que je commence à avoir un petit compte en banque, j’ai bien envie de me le garder sans avoir à vivre en me demandant chaque jour comment je vais m’en sortir… Normal. Mais facilement je m’installe dans cette tranquillité matérielle qui endort. Ce n’est pas mauvais de posséder un bon coussin financier et en même temps il m’anesthésie…

Quand j’arrête d’être en marche, le risque est de me contenter de ce que je suis. C’est ce que souligne l’apôtre Pierre en rappelant que le chrétien est étranger et voyageur sur la terre (1 Pi 2v11) : le risque est de se laisser aller « en cédant aux désirs de l’homme livré à lui-même » (« Qu’est-ce que vous voulez… je suis comme ça… »). Je m’installe dans ce que je suis. Pierre montre que ce sont ceux qui vivent sans chercher ce que Dieu veut qui s’endorment sur ce que leur nature humaine leur dicte. Quand j’oublie que je suis « étranger et voyageur », je m’arrête… à ce que je suis, à ce que je peux recevoir, je deviens consommateur, tout tourne autour de mes intérêts ; je viens au culte pour recevoir ; mes biens ? Je les possède pour que j’en profite ! Idem pour mon temps.

b) Parlons de la dimension à laquelle Dieu m’appelle : elle se résume dans ce que Pierre dit : le chrétien qui accepte d’être étranger et voyageur sur la terre comprend qu’il vit dans un monde dirigé par Satan ; en s’y installant, le chrétien se laisse endormir et trouve normal ce qui s’y pratique, d’autant plus que sa nature le pousse dans le même sens que la société. Paul oriente la pensée des chrétiens vers cette réalité (en partie à venir) : « Quant à nous, nous sommes citoyens du royaume des cieux : de là nous attendons ardemment la venue du Seigneur Jésus-Christ pour nous sauver » (Ph 3v20) : être citoyen du royaume des cieux signifie être en marche vers cette réalité à laquelle nous aspirons. Et si cette espérance n’habite pas beaucoup les chrétiens, c’est que peut-être ils ont arrêté d’être « étrangers et voyageurs sur la terre » : cette terre est devenue leur patrie, leur possession ; le risque pour eux est alors d’avoir « leurs pensées toutes dirigées vers les choses de ce monde » (v19).

Jésus avait fait réfléchir ses disciples en leur disant qu’ils étaient DANS le monde mais pas DU monde (Jean 17v16-17). On est de passage, des voyageurs vers le ciel ; même si on vit 99 ans.

Paul en rappelant que nous sommes citoyens du royaume des cieux donne la perspective d’un changement profond : « Il transformera notre corps misérable pour le rendre conforme à son corps glorieux » (v21) : celui qui n’a pas d’accrocs dans sa santé s’installe dans ce confort physique et psychique ; et il est abattu quand la maladie lui tombe dessus. Le message qu’on entend de plus en plus fréquemment dans les milieux évangéliques en affirmant que Dieu veut guérir tout le temps, en plus du fait que ce n’est pas ce que la Bible affirme, pousse à poser ses valises et à s’installer dans cette vie terrestre ; et souvent à perdre la foi quand l’épreuve est là. Mais celui qui vit dans l’espérance de la vie éternelle tient bon, malgré les problèmes de santé et autres, parce qu’il est rempli d’espérance.

La perspective que donne l’Apocalypse (chap. 21v4) où il n’y aura plus de larmes, plus de douleur, nous fait avancer dans notre marche vers cette perspective. L’auteur de l’épître aux Hébreux (chap. 11v13-16) parle de ces géants de la foi qui, malgré ce qu’ils n’ont pas vu se réaliser, attendaient une autre patrie ; ils reconnaissaient qu’ils étaient « étrangers et voyageurs sur la terre » ; cette réalité leur permettait de ne pas avoir de nostalgie par rapport aux privilèges de la vie sans Dieu. C’est l’exemple de la femme de Lot : ils vivaient en famille dans une société hostile à Dieu où ils avaient posé leurs valises ; ils n’y vivaient plus comme étrangers, ils avaient intégré le style de vie de Sodome. Et quand ils ont été appelés par Dieu à être voyageurs, à quitter cette vie-là, la femme de Lot a eu la nostalgie de ce qu’elle perdait ; Dieu l’a transformée en statue de sel.

2) Voyons quelques implications de ces 2 approches :

S’installer dans cette vie en n’ayant pas – ou plus – la perspective vivante de la vie éternelle, me fait vivre le privilège… de la tranquillité. Se laisser vivre, sans aller à contrecourant, en acceptant de suivre le mouvement (celui de l’immobilité…), de faire comme les autres font, non, ce n’est pas difficile. Voilà le gros avantage…
Mais ce laisser-aller, cette passivité entraînent vers l’échec. Un ami qui était chasseur me racontait qu’en restant assis à son poste en attendant le passage d’un sanglier, il s’était endormi. (Eh oui, facile de s’endormir quand on ne marche pas, quand on n’est pas « voyageur ».) Et quand tout à coup un sanglier a débusqué près de lui, il était trop tard… Alors il a tiré des coups de fusil en l’air pour faire semblant… Mais se savoir « étranger et voyageur » aide à rester vigilant ; malgré la fatigue physique de la marche (l’engagement).

Le fait de s’installer dans cette vie fait perdre l’espérance : on cherche alors essentiellement à profiter de la vie, et cela d’une manière égocentrique ; mes intérêts l’emportent sur ceux des autres. Je profite de ce que je possède et j’ai de plus en plus de mal à le partager ; que ce soit mon argent, mon temps, mes capacités. La notion de possession entraîne facilement l’égocentrisme.

Pourtant je peux avancer l’argument que c’est grâce à mes efforts, à mon intelligence que je peux profiter de ce que je possède ; pourquoi les autres devraient aussi en profiter !? Pourquoi – et actuellement c’est un sujet qui fâche – devrait-on partager avec ces étrangers qui arrivent sans rien et qui sont prêts à profiter de tout (et même plus) !?

Quelques réflexions à ce propos :

  • est-ce que ma relation avec Dieu ne reflète pas la même exagération ? Est-ce que je ne profite pas du pardon de Dieu tout en continuant ma vie sans régler certains domaines ? Est-ce que je ne profite pas des bénédictions de Dieu tout en restant au chômage dans le service pour Dieu ? Est-ce que je suis reconnaissant pour les allocations familiales divines, c’est-à-dire les bénédictions que Dieu m’accorde ? Ce que je trouve normal de la part de Dieu pour moi, je ne suis pas prêt à le vivre envers d’autres.
  • Le fait de se reconnaître « étranger et voyageur » aide à comprendre les besoins de ceux qui le vivent : « Vous savez ce qu’éprouve l’étranger car vous avez été étrangers en Egypte » (Ex 23v9). « Vous traiterez l’étranger venu s’installer dans votre pays comme s’il était l’un des vôtres. Tu l’aimeras comme toi-même : car vous avez été vous-mêmes étrangers en Egypte. Je suis l’Eternel votre Dieu » (Lév 19v34). « Vous aimerez l’étranger parmi vous, car vous avez été étrangers en Egypte » (Dt 10v19). Mais si nous n’avons pas conscience d’être des étrangers nous-mêmes, il est normal que nous n’ayons pas envie de manifester de l’amour mais au contraire un sentiment exacerbé de propriété et de refus de partage.
    C’est souvent l’orgueil qui rend égoïste, qui fait dire : « Je mérite d’en profiter, sans partager, à cause de mes efforts, de mon travail que j’ai fournis ». Sans me rappeler que mes biens sont au départ peut-être ceux que mes parents m’ont légués ; sans me rappeler que même mes forces, mes capacités, je les dois à Dieu. Paul dit aux corinthiens qui s’enorgueillissaient : « Que personne ne s’enfle d’orgueil. Qu’as-tu qui ne t’ait été donné ? Et puisqu’on t’a tout donné, pourquoi t’en vanter comme si tu ne l’avais pas reçu ? » (1 Co 4v6-7). C’est le sens de la reconnaissance envers Dieu à la fin d’une journée ou au début d’un repas : tout dépend de Dieu, qui nous donne les forces, l’intelligence pour gérer. Le fait de se reconnaître « étranger sur la terre » fait avoir une autre réaction : nous ne méritons pas plus que les autres, nous ne leur sommes pas supérieurs et, au lieu de vivre recroquevillés sur nos biens (que ce soit notre argent ou notre temps ou nos enfants ou notre Eglise), tout cela ne nous appartient pas égoïstement. Nous en sommes les gestionnaires.
  • Et puis, positivement, le fait de concevoir la vie sous l’angle du voyage a quelque chose de formidable : c’est Jean-Louis Etienne qui a marché jusqu’au pôle Nord qui disait : « J’ai failli abandonner cent mille fois avant de connaître des moments de bonheur où j’oubliais qu’il faisait froid. Il y a deux grands moments de bonheur : quand vous êtes habités par un rêve et quand vous le réalisez »

Le fait de concevoir notre vie avec Dieu comme un voyage nous fait entrevoir ce qu’il y a de stimulant, malgré les difficultés : à savoir des expériences nouvelles, enrichissantes, des découvertes, avec un renouvellement de nos forces, des bénédictions dans notre marche. Mais si nous avons perdu cet état d’être des « étrangers et voyageurs sur la terre », nous ne rêvons plus, nous n’avons pas d’espérance, nous ne progressons plus.

Nous commençons cette année avec cette perspective : nous sommes en marche ensemble. Nous connaîtrons certainement des difficultés, des fatigues. Et pourtant, il y a une notion essentielle pour aller jusqu’au bout : c’est celle du… repos ; cela semble contradictoire avec la notion d’engagement. Sans ce repos intérieur, notre voyage sera vite rempli d’épuisement et d’amertume. Ce repos découle de la confiance dans le Seigneur : « Courons avec endurance l’épreuve qui nous est proposée : gardons les yeux fixés sur Jésus » (Hé 12v1-2).

Jean-Ruben

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4 commentaires sur “Hébreux 11v13-16 : étrangers et voyageurs sur cette terre”

  1. Michael Gierech dit :

    Bonjour, en regardant Matrix, on se rend compte qu’il y a Néo dans la matrice et Morpheus et son équipe qui sont derrière la matrice pour la programmer. Aussi, la bible dit « que ton règne arrive sur la terre comme au ciel ». Ne pourrais-t-on pas y voir un message qu’il pourrait y avoir un Néo qui arrive sur terre un jour tout en ayant une équipe de programmeurs derrière la matrice avec les noms Jehovah, Allah et les autres ? Si Dieu Michael par exemple venait sur terre, ne pourrait-il pas avoir à se présenter aux autres un jour ? Pour le faire, il ne pourrait pas utiliser de passeport papier car il ne pourrait pas venir au monde sur terre avec ce dernier. Il pourrait cependant s’identifier avec son passeport de l’univers, tel les décimales de Pi de Neper ou d’Or ainsi que les tables mathématiques. Si vous pouviez lui parler, et que les décimales le déclaraient comme Dieu Michael car Michael signifie l’égal de Dieu, et qu’il y aurait bien marqué Dieu et tout le reste dans les décimales, que feriez-vous ? Merci, j’attend votre réponse.

    1. eglise.agen dit :

      Cher ami, permet moi de rester dans l’analogie que tu as citée toi-même de Matrix.

      Néo, l’élu, the One, l’oint, est déjà venu sur la terre. C’est Christ lui même, né de Dieu, miraculeusement. Il est venu pour vaincre la matrice (le péché) qui tient chaque être humain captif dans un monde iréel. Pour se faire il a dû mourir. Son passport est sa resurrection. L’approbation par Dieu le Père de son sacrifice ultime.

      Il n’y a pas de programmeurs derrière. Encore moins du nom de Jéhovah ou Allah. Celui qui introduit l’illusion, pour mieux exploiter l’homme, c’est le Diable. Christ l’a vaincu à la croix. La matrice se délite et se détruit pour qui met sa confiance en l’élu.

      PS : Michael est un archange. Son nom signifie plutôt : « Qui est l’égal de Dieu ? » Il pointe toujours vers Dieu. Il ne prend pas la gloire pour lui même.

  2. Ludivine dit :

    Bonjour,
    Merci pour ce message qui rappelle encore une foi l’importance de garder confiance en Dieu. C’est exactement ce qu’il désire que je dépose devant Lui, une confiance qui brisera les chaînes de mon orgueil encore surdimensionné et rappelle que par mes propres forces je ne puis rien, mais avec Jésus, tout est possible. Soyez bénis.

  3. Blanchard Kalunda dit :

    Bonjour cers amis,
    La connaissance et l’adoration du saint nom de Dieu est le principe sur lequel s’établit son règne, sa domination sur les âmes (voir sur ce règne ou royaume de Dieu : Matthieu 3:2, note).

    Ce règne spirituel est d’abord caché dans le cœur des croyants Luc 17:21 implanté en eux par la Parole et l’Esprit de Dieu ; mais il ne les laisse pas isolés, il les unit dans une sainte et vivante communauté. Demander à Dieu que ce règne vienne, c’est le supplier d’abord que ce règne grandisse en puissance là où il est, en sorte que rien ne se soustraie plus à sa domination absolue ; c’est ensuite prier pour que ce règne se propage, s’étende de proche en proche, d’âme à âme, de peuple à peuple, jusqu’à ce qu’il ait pénétré l’humanité tout entière, c’est enfin appeler de ses vœux le triomphe final de ce règne, le jour où celui qui en est le Sauveur et le Roi viendra le rassembler et l’élever à la perfection. Romains 8:21-23 ; Romains 2:13 ; 2 Pierre 3:12-13 ; Apocalypse 22:20

    Là où Dieu règne, sa volonté est faite, mais jusqu’à la venue parfaite de son règne dans la gloire, il y a pour ses enfants un long exercice d’obéissance par lequel ils doivent faire de continuels progrès : obéissance active pour accomplir cette volonté de Dieu dans les devoirs les plus difficiles ; obéissance passive pour accepter cette volonté, alors même qu’elle brise la nôtre et nous impose les plus douloureux sacrifices.

    La prière s’étend ; ainsi jusqu’à l’état idéal où cette volonté sera faite sur la terre renouvelée comme elle est faite au ciel par les anges Psaumes 103:20-22 et par les justes parvenus à la perfection.

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